Introduction

Ayuf Ibn Yucef, que beaucoup considèrent comme le plus grand négociant de safran de Jergath, avait le sourire aux lèvres en cette chaude fin d'après-midi. Il venait de conclure une excellente vente et les bénéfices s'annonçaient même supérieurs à ses espérances.

Comme à son habitude après une affaire, il allait prendre un thé au Jardin des Oliviers à l'est de la Cité Divine. Peut-être même louerait-il les services d'une Vierge de Papier. Il déambulait nonchalamment entre les échoppes, les palais et les temples, se demandant déjà comment il allait réinvestir cette petite fortune.

Ayuf aimait sa table habituelle au Jardin des Olivers. Loin des autres clients, elle avait l'avantage d'être entourée de haies de jasmin aux effluves entêtantes. Un olivier noueux apportait une ombre rafraîchissante sous lequel il se prélassait en dégustant son thé tandis qu'il s'imaginait sa nuit dans les bras d'une somptueuse courtisane.

- Je vous prie de bien vouloir m'excuser, Sidi.

Ayuf ouvrit un oeil pour voir qui était l'impudent qui avait osé le sortir de sa rêverie. Un esclave portant une livrée de messager se tenait sous le porche de jasmin et tenait un rouleau de parchemin dans sa main.

- Que veux tu, esclaves ? demanda le riche marchand.
- Vous êtes bien le seigneur Ayuf Ibn Yucef Abd-al-Salif ?
- C'est bien moi. Maintenant délivre ton message et va-t-en. Ta présence m'offense.
- A vos ordres, Ô maître des marchand, répondit l'esclave en s'inclinant.

Ayuf arracha le rouleau des mains de l'esclave qui s’éclipsa aussi vite qu'il le pouvait. Après avoir déroulé le parchemin, il le tourna, le retourna mais celui-ci était indéniablement vierge. "Mais qu'est-ce..." commença-t-il. Mais la phrase mourut dans sa gorge alors qu'il était pris de vomissements.

Il ne fallut alors pas plus d'une minute a Ayuf pour s’effondrer sur le sol de graviers blancs et de mourir, empoisonné.